Quand le diable se fait cuisiner par la Saint Glée
Alors voualà, non content de l'avoir au corps, il a fallu que deux petits malins me l'offrent, le diable. Tant mieux ! On a donc pas fini d'avoir chaud dans notre bicoque, ça promet !
Et puisqu'on parle promesse, je m'en vais vous raconter ce que j'en fais de mon diable de diable.
La première fois, comme je débutais, j'ai suivi à la lettre une recette piquée dans le bouquin accompagnant le bel engin dans sa boîte.
La recette disait qu'il fallait faire tremper 300 gr de blé toute une nuit dans le diable. Ainsi cette poterie ventrue se trouve hydratée et restituera l'eau dont elle est saturée sous forme de vapeur qui cuira les aliments sainement et goûteusement.
Égoutter le blé et disposer dans le diable vidé : un oignon émincé, une tomate pelée écrasée, une carotte et un navet coupés en dés, deux gousses d'ail coupées en deux, des olives noires. Finir en répartissant le blé au-dessus de toutes ces bonnes mangeailles. Puis saupoudrer de thym et de sel. Et Hop ! Au four pour une heure minimum. Ça donne ça et c'est fameux !
Les aliments conservent leurs saveurs avec en prime un petit goût de "cuisson sous la braise" absolument divin. Si, si, je le jure.
Après cette expérience réussie, mes papilles se sont souvenues de ce petit plat fort simple mais, mais, mais, haaaaaaaaaa.
Petit plat que je n'avais jamais eu l'occasion de faire cuire comme il se doit faute de moyens et que j'en étais dans tous mes états à chaque fois. La cuisson comme il se doit, c'est de mettre la cocotte directement dans les braises. Mais c'est sans compter sur les couillons ayant habité dans ma maison avant que j'en prenne possession. Couillons qui ont cru bon de mettre hors service les six cheminées ornant diverses pièces. Six cheminées sans braises possibles, une honte doublée d'un carnage et je pèse mes mots. Me voilà donc dépitée avec mes six cheminées juste pour faire choli. Alors je cuisais le petit plat dans ma grosse cocotte de fonte sur la gazinière. Un peu frustrée. Beaucoup même.
Et v'là donc que les parents d'hiver bougrement bien inspirés, m'offrent le diable qui donne goût de cuisson sous la braise. J'ai tenté le petit plat. Et tapé en plein dans le mille.
Le petit plat, c'est l'estouffade de pommes de terre.
Fastoche.
Pour faire une bonne estouffade de pommes de terre, il vous faudra des pommes de terre. Lavées avec grand soin. Séchées pareil.
Muni d'un vide-pomme, faire une carotte dans chaque patate (comment ça je cause Serbo-Croate ? C'est pourtant pas compliqué ! Tiens :
Ensuite, couper chaque extrémité de chaque carotte. Là.
Remplir la patate ainsi évidée de l'accompagnement de votre choix et boucher avec les extrémités des carottes. Ici, on prise la rillette et le fromage (tome de ce qu'on veut, munster blanc...On évite les from'tons trop mous ou trop coulants sous peine de ne rien retrouver dans la patate après cuisson.)
Faire un lit de gros sel dans le fond de votre gamelle (cocotte en fonte à défaut de diable) y disposer les patates généreusement farcies. Mettre en accompagnement autant de gousses d'ail (en chemise) que de patates et autant de feuilles de laurier que de gousses d'ail.
Mettre le couvercle sur la gamelle, la gamelle sur le réducteur de flamme, le réducteur de flamme sur la flamme autant de temps qu'il faudra aux patates pour être bien cuites.
Consommer avec une petite crème à la ciboulette et une salade verte. Et un verre de rouquin si on aime ça.
Merci. Merci encore aux parents d'hiver, les patates ont le goût de braises et c'est un délice ! Adieu frustration papillaire, la Saint Glée saute en l'air !
À la mi-juillet, elle vous b(r)aise les pieds !